05_Les grands axes structurants

Avenues de Saint-Mandé puis Courteline ; Avenue Netter (ex-tronçon de Michel Bizot); Cours de Vincennes ; Boulevard de Picpus ; Boulevard Soult ; Boulevard Périphérique ; Rue du Rendez-vous.

Cette page, ainsi que les pages 6 et 7, reprend, en les complétant, les adaptant et les actualisant si nécessaire, des textes de l’ouvrage Jacques Hillairet, Le XIIe arrondissement et son histoire, paru en 1972, aujourd’hui épuisé et non réédité.

Les chiffres suivant le nom des voies précisent les îlots concernés ( cf la page 04)

SAINT-MANDÉ (avenue de) prolongée à l’Est par COURTELINE (avenue) 7 3 4 5 6 8 9 10 11 ; Coupe le quartier entre Nord et Sud.Elle commence au Quartier Picpus (nºs 1 à 43 et 2 à 48) et se continue au delà du square Courteline dans le quartier Bel-Air (nºs 45 à 113 et 50 à 106). Commence 29 r. de Picpus. Finit 115 bd Soult. Longueur : 1110 mètres. Largeur de 39 à 42 m 65. Voie plantée d’arbres. Une zone de 3 m 50 de large de chaque côté de l’avenue est en partie occupée par des jardinets au droit des maisons situées entre le boulevard de Picpus et le boulevard Soult. L’origine de l’avenue de Saint-Mandé se trouve dans les lettres patentes de Louis XIV, du 17 mai 1658, par lesquelles le roi ordonnait diverses mesures pour l’embellissement du château et du parc de Vincennes ainsi que de leurs abords. Obéissant d’autant plus à cette intention qu’il était, depuis 1652, gouverneur de Vincennes, le cardinal Mazarin prescrivait le même jour une série de travaux parmi lesquels l’ouverture de deux cours rectilignes dont l’un conduira de la Mesnagerie à Picquepusse (la future avenue de Saint-Mandé) et l’autre ira depuis le chasteau jusqu’à la porte Sant-Antoine (le futur cours de Vincennes). Dès lors les terrains nécessaires aux réalisations projetées furent achetés et les travaux activement poussés, du moins en ce qui concerne le premier de ces cours dont l’ouverture fut terminée en 1662. La future avenue de Saint-Mandé, sorte d’allée extérieure au parc royal de Vincennes, se présenta alors comme une belle allée, large de 21 toises (environ 42 mètres), fermée par une barrière à chacune de ses extrémités, dont la partie centrale était occupée par une large pelouse. De chaque côté de celle-ci étaient plantées deux contre-allées comprenant chacune deux rangées d’ormes et constituant deux petites avenues. Des fossés séparaient cet ensemble des terrains voisins. Le passage des voitures fut interdit dans cette avenue, tant dans sa partie centrale que dans ses contre-allées. L’itinéraire à suivre pour se rendre de Paris vers le bois de Vincennes était le chemin ou la rue du Rendez-Vous et, à sa suite, le chemin des Charbonniers (rue du Niger). Ce fut alors le Cours de la Ménagerie; il partait du grand chemin de Saint-Denis à Saint-Maur (la rue de Picpus), passait au carrefour formé par l’intersection des chemins de la Voûte-du-Cours (avenue du Docteur Arnold Netter), du Rendez-Vous et des Charbonniers (rue du Niger), carrefour appelé au début du XVIII° siècle le Milieu du Monde , et aboutissait à la porte du parc de Vincennes, dite porte de la Ménagerie. Il n’y avait aucune habitation le long de ce parcours où débouchaient, sur son côté nord, deux sentiers celui des Quatre-Bornes (la rue Montéra) et le Grand-Sentier (la rue du Chaffault). Il y avait longtemps que ce cours avait été formé que les propriétaires des terrains sur lesquels il avait été implanté n’étaient pas encore payés. D’où cette supplique adressée au roi le 1er janvier 1698: Sire Les habitants de Vincennes, Saint-Mandé, Picquepusse et autres lieux, supplient humblement votre Majesté d’avoir la bonté de leur accorder le payement des terres que votre Majesté a fait comprendre dans le cours qui conduit de la ménagerie de Vincennes à Picquepusse. Il y a plus de trente-huit années que les dits habitants qui sont au nombre de plus de soixante familles, n’en jouissent point, ce qui les empêche de pouvoir subsister. Cette supplique resta longtemps sans suite; ce fut seulement en 1731 que fut payé le dernier de ces créanciers, Charles-Henri de Malon II. La ménagerie dont il est question ci-dessus se trouvait sur l’emplacement actuel de la mairie de Saint-Mandé. Elle avait été fondée par Charles V, qui y fit enfermer quelques lions transférés de sa ménagerie de l’Hôtel Saint-Pol; plus tard, Charles IX la développa. Ce chemin de la Ménagerie était du reste bien solitaire en 1675, puisqu’un rapport de police relate que le nommé Verdain, sieur de Beaumanoir, estant sur les cinq heures du soir sur le chemin de la Ménagerie, a arresté le carosse de Mme Soulange, belle-sœur de M. le Président Champlatreux. Il luy a demandé la boursse, et luy arracha un bouton de diamant sur le devant de son sain. En 1687, Jacques Petitmaire, chanoine honoraire de la cathédrale de Toul, aumônier d’Anne d’Autriche, eut la garde de cette ménagerie avec le titre deGouverneur des animaux du Serrail royal de Vincennes et un traitement annuel de 5 400 livres affecté, en partie, à la nourriture des bêtes. Il se fit alors construire à proximité de cette ménagerie une importante demeure, appelée le Bel-Air, qui serait actuellement située sur l’emplacement occupé dans Saint-Mandé par l’Institut départemental des aveugles. Ce nom de Bel-Air devait s’étendre plus tard à plusieurs rues environnantes, puis à tout un quartier de Paris. Jacques Petitmaire mourut en 1706. La ménagerie de Saint-Mandé fut alors réunie à celle de Versailles où elle resta jusqu’à la Révolution qui la transféra à Paris, au Jardin des Plantes. Ce départ fit changer de nom le cours de la Ména-gerie, qui fut dès lors appelé l’avenue du Bel-Air. A la suite de transformations prescrites par Louis XV, en mai 1731, l’avenue fut prolongée dans Saint-Mandé jusqu’au donjon du château de Vincennes; l’hôpital militaire Bégin recouvre depuis 1858 une partie de ce prolongement. L’avenue du Bel-Air était dans toute sa beauté lorsqu’elle faillit disparaître en 1775, Turgot ayant songé, afin de diminuer les dépenses du royaume, à supprimer le château de Vincennes, qui n’était alors qu’une prison d’Etat, et à vendre l’avenue du Bel-Air qui y conduisait. Le profit à tirer de la vente du terrain de cette avenue et de ses ormes fut évalué à 19 530 livres. La chute de Turgot, en mai 1776, mit un terme à ce projet. Cette avenue était alors la seule promenade ouverte au public à l’Est de Paris. Les Parisiens aimaient venir jouer les dimanches et fêtes sur sa pelouse, où se tenaient des marchands de boissons rafraîchissantes et où ne passait ni cavalier, ni voitures, ni troupeaux. Ce cours, placé sous la surveillance d’un garde de la maîtrise des eaux et forêts de Paris portant la livrée royale, était aussi considéré comme une route de chasse ouverte à travers la campagne et, à cet effet, huit remises à gibier avaient été installées à proximité par les soins de Mazarin. A la Révolution, le château de Vincennes et ses dépendances furent déclarés biens nationaux, mais, par suite d’un oubli, l’avenue du Bel-Air fut omise de l’inventaire des biens appartenant à la Couronne. Aussi personne ne s’occupa plus d’elle, sauf en l’an IX, où le gouvernement envisagea de la vendre, avec ses arbres, et de la réduire à un simple chemin de 9,75 mètres de large. Les protestations de la municipalité de Saint-Mandé et de son maire, M. Montzaigle, firent surseoir à ce projet. Il faut bien remarquer, en effet, que cette avenue comportait alors deux parties, l’une dans Saint-Mandé, commune récemment formée, l’autre dans Paris. Celle dans Saint-Mandé, appelée du Bel-Air, commençait au mur des Fermiers Généraux, à la barrière de Saint-Mandé (square Courteline); c’était la belle avenue ouverte en 1662. Sa partie située dans Paris, dite avenue de Saint-Mandé, comprenait entre la barrière de Saint-Mandé et le débouché de l’actuelle avenue du Bel-Air (avenue formée en 1667) une avenue semblable à celle située dans Saint-Mandé, mais, au-delà de l’avenue du Bel-Air, son prolongement jusqu’à la rue de Picpus n’était jusqu’en 1840 qu’une ruelle étroite, formant un coude, dite la ruelle de Saint-Mandé. Ce fut seulement à cette date que ce prolongement fut aligné sur le reste de l’avenue, lui procurant un débouché convenable. Faute d’entretien, l’avenue du Bel-Air, abandonnée, devenait une fondrière, surtout à l’endroit nommé le « milieu du Monde », où commençait la vallée de Fécamp. Quoique non propriétaire de cette avenue, la commune de Saint-Mandé entreprit, en 1819, sa restauration complète : plantation d’ormes en remplacement de ceux qui avaient péri, réfection des fossés longeant extérieurement les deux contre-allées et pose de barrières aux deux extrémités de la pelouse centrale, les véhicules qui allaient de Paris à Saint-Mandé continuant à être déviés sur l’itinéraire chemin du Rendez-Vous et chemin des Charbonniers (rue du Niger), l’avenue centrale et ses contre-allées restant une promenade. Une ordonnance royale du 31 mai 1824 donna à la commune de Saint-Mandé la jouissance et l’administration de l’avenue du Bel-Air et de ses plantations dans toute sa longueur, de la barrière de Saint-Mandé à la porte du bois de Vincennes, à charge pour elle de l’entretenir et de la conserver comme lieu de promenade. Comme cette avenue était la voie magistrale que les Parisiens devaient suivre pour se rendre à Saint-Mandé, M. Allard, maire de cette commune de 1816 à 1830, prescrivit, le 3 août 1825, que serait plantée devant les façades des maisons qui se construiraient en bordure de cette avenue une ligne uniforme de jardinets, de 3,90 mètres de largeur, prise sur la voie publique, lesquels formeraient un parterre d’agrément, avec tapis de verdure ou de fleurs, où les arbustes qui y seraient plantés ne devraient pas avoir plus d’un mètre de haut, et où les barrières qui les clôtureraient seraient uniformes, de même hauteur, et ne porteraient ni enseigne, ni étalage. La jouissance de ces parterres était accordée aux propriétaires riverains moyennant une redevance annuelle d’un sou par mètre de façade. Cette avenue, qui n’avait comporté en 1817 qu’une dizaine de maisons, en avait 32 en 1828 et 60 en 1840. Malheureusement, à cette époque, les nécessités de la circulation firent de la pelouse centrale un chemin accessible aux véhicules; la promenade en gazon disparut pour être remplacée par des pavés et l’avenue devint en 1837 une voie de communication ordinaire qui fut classée comme chemin vicinal de Saint-Mandé. La construction, de 1844 à 1847, de l’enceinte fortifiée (boulevard Soult) fit disparaître 300 mètres de l’avenue, qui fut coupée en deux tronçons. Celui intra-muros (qui devait être annexé à Paris en 1860) reçut, à la suite de l’arrêté du 2 avril 1868, le nom d’avenue de Saint-Mandé porté par la partie comprise entre l’ex-barrière de Saint-Mandé et la rue de Picpus et son tronçon extra-muros devint, dans Saint-Mandé, l’avenue Victor-Hugo. Enfin, lorsque, plus tard, fut démolie en 1919-1925 l’enceinte fortifiée, ce tronçon fut reconstitué sur les 300 mètres qu’avait occupés cette enceinte, mais sans ses jardinets et sous le nom d’avenue Courteline (cf infra). Lorsque fut incorporée dans Paris, en 1860, la partie intra-muros de l’avenue de Saint-Mandé, la Ville maintint en vigueur l’arrêté de M. Allard de 1825, relatif aux jardinets. Elle précisa, en 1895, que les riverains de l’avenue étaient toujours astreints à les tenir en parfait état ainsi que les grilles qui les clôturaient et elle porta, en 1905, à 5 sous par mètre la redevance annuelle due par les propriétaires riverains à raison de l’occupation par des jardinets de parcelles du terrain dépendant de chaque contre-allée. Malheureusement, cette ligne uniforme de jardinets devait être rompue en bien des endroits du fait du remplacement des anciennes petites maisons à deux ou trois étages par de hautes maisons dont les boutiques ont nécessité le dégagement de leurs abords. Ces maisons avec jardinets étaient comprises après 1860 entre les nºs 45 à 111 pour le côté impair et entre les nºs 50 à 106 pour le côté pair; celles dont les numéros précédaient ces nºs 45 et 50 n’eurent jamais de jardinets n’ayant pas appartenu à la commune de Saint-Mandé puisqu’elles étaient incluses dans l’enceinte des Fermiers-Généraux. Entre les nº 45 à 111 il y avait encore en 1906 25 maisons à jardinets; il n’y en a plus que 15 en 1970. Par contre, entre les nº 50 à 106, s’il n’y en avait que 21 en 1906, il en reste encore 20 en 1970. La suppression, en 1888, du passage à niveau du chemin de fer de Ceinture que remplaça un pont a modifié entre l’avenue du Docteur Arnold Netter et le boulevard Soult le profil en long de cette avenue, établissant à cet endroit en terrasses ses deux contre-allées. De plus, celles-ci ont été remplacées entre l’avenue du Docteur Arnold Netter et le boulevard de Picpus par des trottoirs progressivement envahis par les voitures en stationnement. L’avenue de Saint-Mandé n’en reste pas moins une des plus agréables avenues de la capitale. Rappelons pour conclure ce qu’a dit d’elle, en 1906, Lucien Lambeau à la Commission du Vieux Paris:c’est grâce à un maire de Saint-Mandé que Paris est maintenant doté d’une avenue originale, établie dans une donnée décorative qu’il eût été intéressant de voir appliquer aux larges voies de la périphérie parisienne.

COURTELINE (avenue). Dernier numéro impair : 35. Dernier n° pair: 36. Commence 72 bd Soult. Finit av. Victor-Hugo à la limite du territoire de Saint-Mandé. Longueur : 145 mètres. Largeur: 42 mètres. Voie plantée d’arbres. Cette avenue est, entre le boulevard Soult et la rue Lamoricière, la reconstitution, en 1930, de la partie de l’avenue de Saint-Mandé qu’avait absorbée, entre les bastions 8 et 9, l’enceinte fortifiée. Son surplus, situé sur l’ex-zone non aedificandi, autre ancienne partie de l’avenue de Saint-Mandé, a été détaché de l’avenue Victor-Hugo, de Saint-Mandé, lors de l’annexion prescrite par le décret du 18 avril 1928. L’ensemble reçut en août 1930 le nom de Georges Moinaux, dit Courteline (1861-1929), nouvelliste et auteur dramatique qui habita et mourut au nº 41 de l’actuelle avenue de Saint-Mandé.

DOCTEUR-ARNOLD-NETTER (avenue du) . Dernier n° impair: 91. Dernier n° pair : 90. Commence à la rue du Sahel. Finit 80 cours de Vincennes. Longueur : 700 mètres. Largeur : 20 mètres. Voie plantée d’arbres. Cette avenue a été détachée en 1962 de l’avenue du Général Michel Bizot pour recevoir le nom du docteur Arnold Netter (1855-1936), professeur à la faculté de médecine et spécialiste des maladies par pneumocoques et autres agents microbiens.

Complément sur l’Avenue du Général Michel Bizot

GÉNÉRAL-MICHEL-BIZOT (avenue du). Dernier n° impair : 125. Dernier n° pair: 120. Commence 331 r. de Charenton. Finit r. du Sahel. Longueur : 1145 mètres. Largeur: 20 mètres. Voie plantée d’arbres. Située en partie sur une zone d’anciennes carrières. Cette avenue, ouverte à partir de 1862 en prolongement des rues de Crimée et des Pyrénées, relia alors le cours de Vincennes à la rue de Charenton, formant ainsi une route de grande communication doublant les boulevards qui longeaient les fortifications. Son ouverture engloba, entre la rue de Montempoivre et l’avenue de Saint-Mandé, une partie de la rue de la Voûte-du-Cours, ancien chemin indiqué en 1730 et situé dans le creux de la vallée de Fécamp dont la partie sud constitue la rue de la Véga. Cette voie fut nommée en 1864 rue Michel-Bizot, du nom de Michel Bizot, général du génie qui dirigea les travaux du siège de Sébastopol où il fut tué en 1855, à 60 ans. Ce fut, en 1915, la rue du Général-Michel-Bizot, puis, en 1916, l’avenue du Général-Michel-Bizot. Elle a été amputée en 1962 de toute sa partie située au nord de la rue du Sahel, laquelle devint alors l’avenue du Docteur-Arnold-Netter.

VINCENNES (côté pair du cours de). – Quartier Bel-Air (nºs 2 à 122). Commence 106 bd de Picpus. Finit 151 bd Soult. Longueur: 945 mètres. Largeur: 83,50 mètres. Voie plantée d’arbres. Comme pour l’avenue de Saint-Mandé, l’origine de ce cours se trouve dans les lettres patentes de Louis XIV du 17 mai 1658, par lesquelles le roi ordonnait diverses mesures pour l’embellissement du château de Vincennes, de son parc et de ses accès. Pour les favoriser, Mazarin ordonna, le même jour, une série de travaux parmi lesquels l’ouverture d’un Cours qui ira depuis le chasteau jusqu’à la porte Saint-Antoine. D’où l’achat des terrains nécessaires à l’implantation de ce cours depuis le château de Vincennes jusqu’en direction de la place du Trône (de la Nation), formée seulement vers 1670. Ce cours, dont l’ouverture fut en retard sur celle du cours de la Ménagerie (avenue de Saint-Mandé), ne commença à être ouvert qu’en 1669, cette ouverture ayant été liée à la construction, sur la place du throsne, de l’arc de Triomphe destiné à glorifier les victoires de Louis XIV. Le cours, qui conduisait à Vincennes, d’où son nom, ne fut pavé que sous Louis XV. Jean-Jacques Rousseau le prenait pour aller au bois de Vincennes et écrivit sans Les Confessions (T2, publiées en 1789): Cette année 1749 fut d’une chaleur excessive. On compte deux lieues de Paris à Vincennes. Peu en état de payer des fiacres, à deux heures après midi, j’allais à pied quand j’étais seul, et j’allais vite pour arriver plus tôt. Les arbres de la route, toujours élagués à la mode du pays, ne donnaient presque aucune ombre, et souvent, rendu de chaleur et de fatigue, je m’étendais par terre, n’en pouvant plus. Je m’avisai pour modérer mon pas de prendre quelque livre. Je pris un jour le Mercure de France et, tout en marchant et le parcourant, je tombais sur cette question proposée par l’Académie de Dijon pour le prix de l’année suivante: « Si le progrès des sciences et des arts a contribué à corrompre ou à épurer les mœurs.Ce cours appelé à la fin du XVIII siècle l’avenue de Vincennes, constituait avant l’annexion de 1860 la route nationale n° 34 de Paris à Vitry-le-François, par Coulommiers. Il avait été construit en remblai afin de chevaucher une dépression de terrain dite la Grande Vallée, reliée à la Vallée de Fécamp. Ce remblai se devine encore: toutes les rues adjacentes au cours y aboutissent en montant. De ce fait, son côté sud a longtemps surplombé un sentier qui, en contrebas, lui était parallèle sur toute sa longueur, depuis le 104 du boulevard de Picpus jusque dans Saint-Mandé. Ce sentier, déjà mentionné en 1696, peu utilisé et mal fréquenté, devint un cloaque infect qu’ont grignoté peu à peu les constructions édifiées sur le côté sud du cours de Vincennes. Encore mentionné sur les plans de Paris de 1900 sous le nom de chemin de la Voûte du Cours, on découvre de nos jours son débouché sur le boulevard de Picpus entre les nºs 104 et 106 de celui-ci, sa traversée de la rue Marsoulan entre les nºs 28 et 30 pour le côté pair et 29 et 31 pour le côté impair et son débouché sur la rue de la Voûte entre les nº 43 et 45 de celle-ci, au-delà desquels le vieux sentier est absorbé par cette dernière rue alors modernisée et élargie.

PORTE-DE-VINCENNES (partie de l’avenue de la) Sud: Quartier Bel Air (nos 143 à 157). Nord: Quartier Charonne (XX arrondissement – Nos 190 à 200 bis). Commence av. Galliéni à la limite du territoire de Saint-Mandé. Finit bds Soult et Davout. Longueur : 330 mètres. Largeur: 83 mètres. Cette avenue, ouverte sur l’ancienne zone non aedificandi annexée en 1929, absorba alors une partie de l’avenue Galliéni de la commune de Saint-Mandé. Elle reçut en 1932 son appellation actuelle, souvenir de la porte ouverte dans l’enceinte fortifiée au terminus du cours de Vincennes. Avec ce cours elle a constitué le commencement de la route nationale n° 34. Un grand rond-point y a été aménagé, permettant l’accès et la sortie vers les périphériques intérieurs et extérieurs. Au-delà vers l’Est le cours de Vincennes devient l’Avenue de Paris, séparant les communes de Saint-Mandé et de Vincennes.

PICPUS (boulevard de). Sépare le quartier Picpus, dont relèvent les numéros impairs (dernier n° impair: 89) et le quartier Bel-Air pour les numéros pairs (dernier nº pair: 106). Commence 89-93 r. de Picpus. Finit 10 av. du Trône et 2 cours de Vincennes. Longueur: 1015 mètres. Moindre largeur: 42 mètres. Voie plantée d’arbres et située en partie sur une zone d’anciennes carrières. Ce boulevard, dont le nom provient du voisinage de la rue de Picpus, résulte de la fusion, en 1864, des boulevards et chemins de ronde qui suivaient extérieurement et intérieurement le mur des Fermiers-Généraux. Ceux-ci s’étaient appelés respectivement: boulevard de Picpus entre la rue de Picpus et l’avenue de Saint-Mandé et boulevard de Saint-Mandé pour le surplus; les seconds, en plus de la partie de la place de la Barrière-de-Picpus située au débouché de la rue de Picpus, chemin de ronde de Picpus entre cette place et l’avenue de Saint-Mandé et chemin de ronde de Saint-Mandé pour le surplus. L’actuel boulevard de Picpus rattaché au quartier Bel Air est l’héritier de ces boulevards situés à l’extérieur du mur. Le mur des Fermiers-Généraux était percé de deux barrières, la barrière de Saint-Mandé (à l’emplacement du square Courteline) et la barrière de Picpus (au croisement du boulevard de Picpus et de la rue de Reuilly, dénommée depuis 2019 la Place sans nom. On a ouvert sous ce boulevard en 1969, entre la rue du Rendez-Vous et le square Courteline, un parc de stationnement pour automobiles offrant 1 000 places sur sept niveaux.

SOULT (boulevard). Commence 279 av. Daumesnil et 1 pl. Edouard-Renard. Finit 118 cours de Vincennes et av. de la Porte-de-Vincennes. Sont inclus dans Bel Air Nord les n°s à partir de 22 à l’Est et de 69 à l’ouest. Longueur totale: 1270 mètres. Largeur: de 40 à 43,40 mètres. Voie plantée d’arbres et en partie sur une zone d’anciennes carrières. Le boulevard est une ancienne section de la rue Militaire, ex-chemin de ronde intérieur de l’enceinte fortifiée percée ici des portes de Saint-Mandé et de Vincennes et de la poterne de Montempoivre. On lui a donné, le 2 mars 1864, alors qu’il était annexé à Paris depuis 1860, le nom du maréchal de France, duc de Dalmatie, Nicolas Jean-de-Dieu Soult. Fils d’un notaire, soldat à 16 ans, sous-lieutenant de grenadiers en 1791, il gagna sur les champs de bataille tous ses autres grades jusqu’à celui de maréchal de France où il fut nommé en 1804. Il se couvrit de gloire à Austerlitz, à Iéna, à la campagne de Pologne, fut nommé, après la paix de Tilsitt, duc de Dalmatie et prit part, avec plus ou moins de succès, à la guerre d’Espagne. Louis XVIII le nomma ministre de la guerre, emploi qu’il perdit lors du retour de l’île d’Elbe de Napoléon, lequel le nomma pair de France. Exilé par la seconde Restauration, il retrouva en 1820 son bâton de maréchal et en 1827 la pairie. Plusieurs fois ministre de la guerre sous Louis-Philippe, il résigna toutes fonctions pour raison de santé en 1845, fut nommé maréchal-général, titre honorifique qui avait été porté par Turenne, Villars et Maurice de Saxe, et mourut en 1852, à 83 ans. Le boulevard Soult longe du côté de ses numéros pairs la zone des anciennes fortifications, heureusement aménagée ici entre la porte Dorée et la porte de Vincennes. On y trouve, en effet, en plus de deux beaux squares, le lycée Paul-Valéry et son terrain de sports de près de 4 hectares.

PERIPHERIQUE (Boulevard). C’est plutôt un axe déstructurant le quartier: Il coupe le quartier en deux parties inégales, l’une à l’Est, en bordure de Saint-Mandé, l’autre à l’Ouest, en continuité avec le reste de Paris. La section du « périph » du quartier a fait partie du troisième tronçon prévu par le programme de grands travaux 1956-1961, devant relier la Porte Dorée et la Porte de Pantin. Les travaux prirent cependant du retard et ce n’est qu’en mars 1970 que fut ouverte la section du périphérique allant de la Porte d’Ivry à la Porte de Montreuil, après quinze années de bouleversement de la structure urbaine du quartier, le chantier se déployant sur le terrain des anciennes fortifications. Bel Air Nord compte deux accès au périphérique intérieur, à la Porte de Saint-Mandé et à la Porte de Vincennes. Cette dernière comporte également une sortie à partir du périphérique extérieur. Le passage de Bel Air Nord-Ouest à Bel Air Nord-Est ne peut se faire en véhicule qu’en trois endroits: en surélévation à la Porte de Vincennes et sur l’Avenue Courteline, en passage souterrain au niveau de la rue Edouard Lartet, qui permet de passer en voiture du Boulevard Soult au Boulevard de la Guyane, et en vélo ou à pied en venant de l’extrémité Est de la Coulée verte René Dumont. Un passage souterrain à l’extrémité Est de la rue du Général Archinard permet en plus de rejoindre à pied le Boulevard de la Guyane.

RENDEZ-VOUS (rue du) . Dernier n° impair: 75. Dernier n° pair: 82. Commence 67 av. de Saint-Mandé. Finit 100 bd de Picpus. Longueur: 470 mètres. Largeur 15 mètres 65. Cette rue existait déjà à l’état de chemin en 1672. Ce chemin, plus tard rue de la commune de Saint-Mandé aboutissait à l’avenue, devenue l’avenue de Saint-Mandé, en un point appelé le Milieu du Monde où débouchait aussi le chemin du Bel-Air (rue du Niger) qui le prolongeait. C’était la voie charretière normale pour aller de Paris à Saint-Mandé, l’avenue de Saint-Mandé étant interdite aux véhicules. A ce carrefour se trouvait, peut-être, le rendez-vous de chasse qui fit donner son nom à ce chemin. Le conseil municipal de Saint-Mandé ayant décidé, le 14 août 1850, d’établir un marché à Saint-Mandé, fixa son emplacement, le 12 août 1852, dans la rue du Rendez-Vous. Mais à la suite de l’extension de Paris, objet de la loi du 26 mai 1859, ce marché fut reporté dans Saint-Mandé au-delà de l’enceinte fortifiée. Il ne resta donc ici que huit ans. Mais la vocation commerciale de la rue demeura, avec toujours aujourd’hui de nombreux commerces de bouche, boulangeries, boucheries-charcuteries, fruits et légumes, négociants en vin, supermarchés, surtout dans sa partie Sud-Est.