03_Bel Air Nord au début du siècle dernier (II)

Promenade visuelle, à travers des cartes postales et des photographies disponibles sur les sites publics de la Ville de Paris et sur Gallica (BnF). Nous y rajoutons des numérisations de toiles de Paul-Désiré Trouillebert.

I. Les fortifications

II Les voies de chemin de fer et les gares

I_Un monde disparu: les fortifications, voies de chemin de fer et gares

A_Les fortifications, vues par Charles Lansiaux et René Huré (1919)

Les fortifications sont documentées par un reportage réalisé en 1919 sur plaques de verre de 18×24 cm par le photographe de la Commission du Vieux Paris Charles Lansiaux. Des tirages de celles qui concernent le 12e arrondissement ont été regroupés dans un dossier de 34 photographies numérisé par les Archives de Paris, dont 17 concernent le quartier de Bel Air, couvrant les bastions 5 à 9. Bel Air Nord était délimité par les bastions 8 et 9, couverts par les photos 26 à 34. Le dossier est accompagné d’un plan de repérage des points de prise de vue. En voici un extrait. Les photos 26 et 31 sont dirigées vers l’extérieur des fortifications, à partir des portes de Montempoivre et de Saint-Mandé. Les autres couvrent le fossé et la muraille.

26. La porte de Montempoivre et la sortie de la voie de chemin de fer de Vincennes. La zone non aedificandi est couverte de cultures

31 La porte de Saint-Mandé: L’avenue Victor Hugo (aujourd’hui Courteline) est à l’extrême droite. Au premier plan le fossé, puis la « zone » avec ses constructions précaires, au fond les maisons de Saint-Mandé.

27 Le tournant vers la poterne de Montempoivre, avec une usine et sa cheminée.

28 Au niveau de la Villa Bel Air, vers le Sud et la poterne de Montempoivre: le fossé est consacré à des cultures maraîchères.

29 De la Rue Mongenot (Niger) vers le Sud, avec le bastion 8 surmonté d’une caserne. A droite des immeubles jouxtant la voie militaire, (Boulevard Soult)

Cette carte postale prise au niveau de la poterne de Montempoivre permet d’apercevoir cette caserne-bastion, le long de la voie militaire.

Et celle-ci permet de la voir.

Continuons notre promenade photographique le long des fortifications.

30 La porte de Saint-Mandé et l’avenue de Saint-Mandé, équipée d’un tramway électrique. On distingue les deux guérites symétriques de l’octroi.

32 A hauteur de la Rue Montéra vers le Sud: Vue sur la porte de Saint-Mandé et les immeubles de la voie militaire (Soult), et toujours les cultures dans les fossés, peut-être des jardins ouvriers?

33 A hauteur de la rue Montéra vers le Nord, avec au fond la Porte de Vincennes.

B_Les voies de chemin de fer et les gares.

Cet extrait du Plan général du chemin de fer de ceinture de Paris, datant des années 1890, montre le réseau de chemin de fer passant par Bel Air Nord

La photo des fortifications n°26 montre la sortie de la voie de chemin de fer de Vincennes. En se retournant on aurait pu voir le croisement entre cette voie et le chemin de fer de ceinture passant au dessus de lui depuis 1888, et les gares de ces deux voies.

Bel Air Nord porte aujourd’hui les traces d’anciennes voies de chemin de fer, celle de la ligne de Ceinture et celle de Vincennes, ouvertes respectivement en 1853 et 1859. La ligne de Vincennes est aujourd’hui remplacée par la Coulée Verte René Dumont, celle de Ceinture a été aménagée par tronçon en promenade, mais une de ses deux voies reste visible. On peut rejoindre la promenade par un escalier situé sur la Coulée verte rue du Sahel.

Il y avait déjà deux gares, la ligne de Ceinture passant au-dessus de la ligne de Vincennes. Mais des passages à niveau bloquaient encore les rues, comme le montre cette carte postale prise au niveau de la poterne de Montempoivre, avec la montée vers la rue des Marguettes vers le Nord, avec au fond à gauche la caserne-bastion déjà évoquée ci-dessus: remarquer l’enseigne du Restaurant des deux gares.

Mais d’importants travaux menés en 1888-1889, à l’approche de l’exposition universelle, ouvert le 5 mai 1889, lors de laquelle a été inaugurée la tour Eiffel, rehaussèrent la ligne de ceinture, supprimant par la même la plupart des passages à niveaux bloquant la sortie ou l’entrée de Paris, et entraînant la reconstruction de la gare de Bel Air Ceinture, située en hauteur à quelques dizaines de mètres de distance de la gare de Bel Air Vincennes. Mais il restait des passages à niveau pour les petites rues, si la date d’oblitération de la carte ci-dessus, 1908, est un indicateur suffisant pour dater la carte elle-même….

Ces travaux de 1888-1889 ont été documentés par des photographies à but technique réalisées par Albert Broise, réunies dans deux albums, dont le second concerne en partie notre quartier ( vues 13 à 26 ). Ils ont aussi attiré en 1888 l’œil d’un peintre local, Paul-Désiré Trouillebert. Nous allons suivre ces travaux du Sud vers le Nord.

La logique des travaux est présentée en introduction des recueils. En voici quelques extraits:

Les travaux au niveau des rues de Montempoivre et des Marguettes (aujourd’hui du Sahel), 10 janvier 1888

Cette photographie montre l’ancienne gare et les travaux de rehaussement

Les travaux à la station de Bel Air Ceinture ( 24 février 1888)

La station de Bel Air Ceinture achevée (1er février 1889)

Le franchissement de l’avenue de Saint-Mandé

Le creusement de l’Avenue (autre source)

Le pont provisoire au-dessus de l’Avenue (11 janvier 1888)

Les travaux sur la voie entre l’Avenue de Saint-Mandé et la Porte de Vincennes ( le long de la rue du Gabon) (1er mars 1888)

Les viaducs de la rue de la Voûte au Cours (aujourd’hui rue de la Voûte) et du Cours de Vincennes: Démolition de l’ancien viaduc maçonné de la rue de la Voûte et construction du nouveau viaduc (1er mai 1888)

Le nouveau viaduc au-dessus de la rue de la Voûte ( 23 septembre 1888 et 28 octobre 1888)

Le tableau de Paul-Désiré Trouillebert (1831-1900) , Les Travaux de relèvement du chemin de fer de ceinture, le pont de la rue de la Voûte, actuellement au Musée d’Orsay, complète bien les photographies: pose des poutres du nouveau viaduc, alors qu’une locomotive s’engage sur le viaduc précédent. Le trafic ne fut en effet pas interrompu pendant le durée des travaux

Le viaduc du Cours de Vincennes (juillet 1888)

Une autre toile de Paul-Désiré Trouillebert , Travaux de relèvement de la voie, Cours de Vincennes, fut peinte au moment de la construction du viaduc de 83 m. La vue est prise du côté Bel Air du Cours, vers l’Ouest.

Montage du viaduc passant au-dessus du Cours de Vincennes ( 15 juillet 1888)

Le viaduc au-dessus du Cours de Vincennes, achevé.

La Gare de Vincennes fut construite du côté Nord du Cours, dans le XXe arrondissement. Une première station provisoire, au niveau de la rue, permit de ne pas interrompre le trafic (photographie prise le 16 mars 1888)

Elle fut remplacée par une seconde station provisoire, en hauteur (en construction le 28 août 1888)

La station définitive était achevée le 1er février 1889

Le cours de Vincennes fut à nouveau en chantier à l’horizon de l’exposition universelle de 1900, avec la construction de la station Porte de Vincennes de la ligne n°1 du chemin de fer métropolitain.

Le chantier du métro à la porte de Vincennes le 2 juin 1898. Au fond le viaduc du chemin de fer de ceinture. A gauche le gazomètre ( à l’emplacement du Lycée Hélène Boucher)

Les stations Picpus (souterraine) et Bel Air (en surface) suivirent en 1906, avec la mise en service de la ligne 6.

L’entrée du métro Picpus est toujours située du côté Picpus de l’Avenue de Saint-Mandé (vue vers l’Est)

Au fond la station de surface Bel Air. Le métro descend vers Picpus.

Les quais de la station Bel Air

Les gares de chemin de fer: De nombreuses cartes postales des années 1900 représentent les deux gares.

Celle de Bel Air Vincennes, située rue du Sahel: le quai vers Vincennes

La gare de Bel Air Vincennes vue de la gare Bel Air Ceinture. A droite l’impasse des Marguettes (aujourd’hui rue du Sahel). Tout au fond les immeubles du Boulevard de Picpus.

La gare de Bel Air Ceinture vue de la rue des Marguettes (Sahel), avec l’escalier permettant la correspondance avec la ligne de Vincennes. Au fond la poterne de Montempoivre.

La gare, vue du quai de Bel Air Vincennes (vers l’Est)

La gare de Bel Air Ceinture, avec au fond la gare de Bel Air Vincennes: à droite la rue Montempoivre, à gauche la rue des Marguettes (aujourd’hui du Sahel) Vue vers l’Ouest

En 1889, à l’issue des travaux de rehaussement de la voie de Ceinture, Paul-Désiré Trouillebert avait peint cette gare, à partir de la rue Montempoivre vers l’intérieur de Paris. Remarquer l’escalier métallique permettant d’y monter.

Trois ouvrages aux droits réservés sont consacrés aux photos anciennes du XIIe arrondissement.Ils sont disponibles à l’emprunt à la Bibliothèque Hélène Berr.

Claude Couraud, C’était hier: Le XIIe arrondissement, Editions L.M. Le Point, 1990.

Georges Renoy, Paris en cartes postales anciennes : Popincourt Reuilly , Zaltbommel (Pays-Bas),1974.

Ghali Beniza Sari, Mémoire des rues Paris 12e arrondissement, Parimagine, 2004

Numérisé par Gallica (BnF)

Albert Broise Chemins de fer de ceinture de Paris. Suppression des passages à niveau, 2e volume, 1888-1889. Album photographique

Sitographie

Atlas de la Commission du Vieux Paris

Collection iconographique des Archives de Paris